Les professionnels du secteur se prononcent sur l’avenir du fioul
La FF3C (Fédération Française des Combustibles, Carburants & Chauffage) a organisé le 22 septembre une table ronde avec les professionnels du secteur du fioul et plusieurs députés, au sujet de l’avenir du fioul domestique. FioulReduc était présent lors de cet événement organisé par les Echos. Voici ce qu’il faut en retenir.
Pousser le fioul vers la sortie, une politique jugée incohérente
Près de 3 millions de maisons individuelles françaises et 500 000 copropriétés ou autres bâtiments utilisent encore du fioul domestique comme chauffage. Or la plupart des foyers chauffés au fioul habitent en zone rurale. Eric Layly, président de la FF3C précise que « deux tiers des communes ne sont pas raccordées au gaz naturel en France ». Par ailleurs, certaines zones exposées au froid ne sont pas adaptées pour l’installation de pompe à chaleur.
Julien Aubert, député et conseiller régional, reproche au Ministère de la Transition Ecologique de ne pas avoir étudié le profil des Français qui utilisent le fioul comme énergie de chauffage. Comme le rappelle le député, un quart des personnes chauffées au fioul domestique sont âgées de plus de 75 ans. Ce public risque donc d’être peu réceptif au remplacement de leur chaudière fioul si celle-ci est encore fonctionnelle.
Le président de la FF3C précise que le marché du fioul domestique baisse en moyenne de 5 % par an, avec le remplacement de 150 000 chaudières par an par d’autres énergies de chauffage. « Mais il s’installe encore entre 50 et 55 000 chaudières neuves, avec un rebond observé avant que l’abandon ne soit effectif ! » Cela prouve que certains foyers veulent rester au fioul et ont décidé d’en installer une nouvelle avant l’interdiction des chaudières 100% fossiles. Pour rappel un consommateur sur deux a répondu vouloir rester au fioul lors de notre enquête « Vous et votre chaudière au fioul » menée avec Hellio en mars 2021 auprès de nos clients.
Supprimer le fioul, improductif ?
Pour Jean-Claude Rancurel, président de l’UNA CPC Capeb (union nationale artisanale couverture, plomberie, chauffage), supprimer les chaudières fioul d’ici 10 ans est improductif. En effet, si les pompes à chaleur sont plus importantes la production d’électricité ne sera pas suffisante lors d’un pic de consommation en plein hiver. Il faudra alors acheter de l’électricité à l’étranger produite avec du fioul ou du charbon.
Il soulève aussi la question des coûts de réparation de ces équipements. Si des foyers modestes peuvent installer une pompe à chaleur à moindre coût grâce aux aides de l’Etat les coups de réparations sont considérables. Jean-Claude Rancurel précise par ailleurs que l’entretien d’une pompe à chaleur coûte 30% plus cher qu’un entretien de chaudière fioul. Il explique aussi que les émetteurs pour les pompes à chaleur ne sont pas forcément adaptés au logement. Pour les chaudières biomasses il faut de la place pour installer un silo (1 500 litres de fioul équivaut à 3 tonnes de granulés).
Une partie des Français non concernée par les aides
Bien que simplifiées les aides restent complexes. Par exemple, le périmètre du dispositif MaPrimeRénov’ ne coïncide pas avec les Certificats d’Economie d’Energie (CEE).
De plus, les résidences secondaires ne sont pas concernées par les aides, comme le souligne Fabrice Shoshany, directeur marketing et services du groupe BDR THERMEA France. Cela ne les incite donc pas à changer leurs équipements, d’autant plus qu’ils ne sont pas souvent présents dans ce logement. Ils peuvent cependant être plus intéressés par un simple remplacement de brûleur pour passer au biofioul F30.
Le biofioul F30 disponible à l’été 2022 ?
Le décret qui sera bientôt publié n’interdit pas le fioul mais les nouveaux équipements émettant plus de 300g de CO2 par kWh. Le biofioul F30 a donc toute sa place car il sera en dessous de ce seuil selon le président de la FF3C et représente au moins 15% d’économie de CO2 par rapport à un fioul 100% fossile.
Ce nouveau combustible est toujours en cours de normalisation. L’autorisation de commercialisation du produit est attendue pour l’été 2022. La question de la fiscalité est aussi importante. Antoine Henrion, vice-président de la Fédération Française des Producteurs d’Oléagineux et Protéagineux (FOP) précise que le secteur demande une « fiscalité adaptée et compétitive sur le biofioul ». Lise Magnier, députée de la Marne estime aussi que le biofioul doit être accompagné par un coup de pouce fiscal car il coûte plus cher que le fioul fossile.
Du côté des équipements, les chaudières du groupe BDR Thermea (De Dietrich, Chapée, Oertli) sont déjà toutes adaptées au biofioul F10 et le groupe s’oriente vers le F30.
L’hybridation comme solution d’avenir pour le chauffage au fioul
Les professionnels proposent de se tourner vers d’autres solutions pour diminuer les émissions de CO2 sans supprimer pour autant le fioul. Pour Fabrice Shoshany et la Capeb notamment, l’avenir du fioul est dans l’hybridation. L’objectif est de coupler sa chaudière fioul avec un chauffage solaire ou une pompe à chaleur dont le pilotage serait intelligent. Le fioul est utilisé lorsque la pompe à chaleur n’est plus en capacité d’être productive ou en cas de pic de consommation d’électricité. Avec l’utilisation du biofioul dans une chaudière hybride les économies de CO2 seront alors plus importantes.
Par ailleurs pour la Capeb l’hybridation doit être éligible aux aides, même en gardant sa chaudière fioul actuelle. En effet les aides proposées aujourd’hui concernent la désinstallation de la chaudière fioul.
Vous devez remplacer votre chaudière fioul car elle est ancienne ou dysfonctionne mais vous souhaitez continuer à utiliser le fioul comme énergie de chauffage en hiver ? FioulReduc propose le remplacement de chaudière fioul par une chaudière hybride, qui couple une chaudière fioul avec une pompe à chaleur.