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Le chauffage fioul bientôt soumis au marché du carbone ?

Publié le par Emmeline Guiragossian dans Toute l'actualité du Fioul

Crédit photo : Shutterstock / DesignRage

La Commission européenne a présenté mi-juillet 12 mesures dans l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’une de ces propositions prévoit la création d’un deuxième marché carbone pour le transport routier et le chauffage utilisant des énergies fossiles, ce qui aurait un fort impact sur le prix du fioul domestique.

Des mesures fortes pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE

Bruxelles a proposé plusieurs mesures dans le but d’atteindre les objectifs climatiques de l’UE. Dans le détail il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’Union Européenne de 55% à l’horizon 2030 par rapport à 1990.

Certaines propositions concernent la réduction à zéro des émissions de CO2 des voitures neuves dans l’UE à partir de 2035. Cela entraînerait l’arrêt des ventes de véhicules essence et diesel au profit des motorisations 100% électriques. La Commission propose également de taxer à partir de 2023 le kérosène pour les vols au sein de l’UE, tout en leur imposant un taux minimal de biocarburants. De plus, les compagnies verront leurs quotas gratuits progressivement supprimés d’ici à 2027 pour les vols intra-européens. Celles-ci reçoivent actuellement jusqu’à 80 % de leurs quotas gratuitement. La réforme prévoit par ailleurs une extension du marché actuel au secteur maritime notamment pour les très gros navires. Mais plus encore, la Commission européenne souhaite inclure des secteurs comme le chauffage dans le marché carbone.

Un second marché du carbone pour des secteurs dont le chauffage au fioul

La mesure principale proposée est la création d’un nouveau marché du carbone européen (ETS) à partir de 2026. Celui-ci concernerait le transport routier mais aussi le chauffage des bâtiments aux énergies fossiles, à savoir le gaz et le fioul. Pour information le bâtiment représente 36% des émissions européennes. Il faudrait alors que les fournisseurs de carburant ou de fioul achètent des quotas d’émissions au prix du CO2 sur l’ETS.

Cette taxe carbone se répercutera mécaniquement sur le prix du fioul, conduisant à un surcoût sur la facture des ménages. Cela mettra en difficulté les foyers les plus précaires ou habitant en campagne et qui n’ont pas toujours la possibilité de changer d’énergie.

Quelles conséquences sur le prix du fioul à l’avenir ?

Au prix actuel du carbone, qui est de 50€ la tonne, cela conduirait à un surcoût de 150€ sur 1 000 litres de fioul. En effet, le fioul émet en moyenne 300g de CO2/kWh, or 1 litre de fioul représente 10 kWh, c’est-à-dire 3kg de CO2. Sachant que le volume de fioul par an moyen commandé par les foyers est de 2 500 litres, cela reviendrait alors à un surcoût de 375 euros par an.

Par ailleurs, ce calcul n’est qu’une base établie sur le prix actuel du carbone mais celui-ci peut varier et être beaucoup plus élevé. Pour information, le prix de la tonne de CO2 a bondi de plus de 60 % depuis le début de l’année. Alors que la taxe intérieure sur les produits énergétiques (TICPE) pèse déjà plus de 30% sur le prix du fioul, cette mesure plomberait des ménages déjà fragilisés.

Ces propositions doivent être discutées entre les eurodéputés et les Etats membres. Pour le moment plusieurs Etats membres et une partie du Parlement européen sont opposés à cette réforme et redoutent un effet « gilets jaunes » en Europe. La Commission a prévu de lancer un fonds social climat afin d’amortir les impacts de la taxe carbone sur les foyers les plus pauvres. Mais cela pourrait ne pas suffire et n’épargnerait pas les ménages aux revenus moyens.


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