Pourquoi la baisse du pétrole se poursuit-elle alors que le Moyen-Orient est en crise ?
Alors que le Moyen-Orient est en conflit, les cours du pétrole ont encore chuté lundi 6 octobre à 91,23 dollars le baril de Brent. Le prix du pétrole de Brent est au plus bas depuis 2012, ce qui correspond à une baisse de 20% depuis la mi-juin 2014.
Un marché de l’énergie en pleine mutation
Le fait que le prix du pétrole soit aussi bas ne s’explique pas uniquement par des mouvements des marchés ou par la spéculation, pas plus que par la baisse récente du cours du dollar. Il faut plutôt y voir le signe d’une mutation profonde du secteur de l’énergie. Nous sommes au cœur d’un paradoxe complètement inédit : le Moyen-Orient subit une crise sans précédent alors que les cours du pétrole plongent en flèche. En effet, la Libye, l’Irak et la Syrie traversent actuellement une période de conflits graves, et pourtant les cours du brut sont orientés à la baisse.
Les raisons d’un paradoxe sans précédent
Le dollar est à niveau historiquement bas face à l’euro. On notait vendredi 3 octobre un taux de conversion de 1.2499 dollar pour 1 euro ; il faut remonter à juin 2012 pour retrouver un taux comparable. C’est principalement l’activité industrielle aux États-Unis qui explique en grande partie cette situation inédite. Le mois dernier, le pays est devenu le premier producteur de pétrole, dépassant pour la première fois le leader historique qui est l’Arabie Saoudite. L’Amérique abonde ainsi le marché en pétrole, ce qui provoque une saturation dans un marché où la demande est réduite en raison d’une croissance économique mondiale en berne. Étant donné que la production augmente d’année après année et que la consommation demeure dans le même temps relativement stable, les prix baissent mécaniquement, conformément à la loi de l’offre et de la demande.
Une évolution de la situation toujours incertaine
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) produit environ 30% du pétrole mondial. Face à la chute des prix, l’OPEP se montre divisée sur les actions à entreprendre. Pour l’instant, elle ne semble pas décidée à diminuer sa production pour enrayer la chute des prix faute de consensus entre les États membres.
Nous sommes dans une situation de guerre des prix au sein de l’OPEP entre les pays du Golfe et l’Iran. Unilatéralement, l’Arabie Saoudite, leader historique de l’OPEP, a surpris les marchés en baissant les prix de son pétrole de façon à asseoir sa position de fournisseur privilégié pour le continent asiatique, marché stratégique en termes de demande. Les analystes estiment que tant que l’OPEP ne sera pas unie face à l’explosion de la production du pétrole de schiste américain, les cours du pétrole continueront de chuter.
Du côté de l’industrie pétrolière, ces prix bas ne représentent pas encore une menace. Mais si la tendance venait à se poursuivre, les compagnies risquent de déprioriser certains investissements de façon à conserver une certaine marge de rentabilité. En attendant, on ne peut que se réjouir de cette baisse du baril de pétrole qui entraîne une importante baisse du prix du fioul, redonnant ainsi du pouvoir d’achat aux ménages français ayant opté pour cette énergie de chauffage.