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Biofioul : les professionnels du secteur font le point au salon BePositive

Publié le par Emmeline Guiragossian dans Economies d'énergie
biofioul : une alternative au fioul
Crédit photo : Shutterstock / maxuser

Le biofioul, notamment le F30, s’impose progressivement comme l’alternative durable au fioul traditionnel. Lors d’une conférence organisée au salon BePOSITIVE 2025 qui s’est déroulé du 25 au 27 mars 2025 à Lyon, les professionnels de la filière ont fait le point sur les enjeux techniques, réglementaires et économiques du biofioul.

Le biofioul, une réponse réglementaire et écologique au fioul domestique

Le fioul domestique chauffe encore environ 3 millions de foyers en France. Cela équivaut à près de 12 % de la population. Le fioul est principalement utilisée en zones rurales, non desservies par le gaz ou des réseaux électriques performants. Malgré une baisse des ventes, 4,5 millions de m³ de fioul ont été consommés en 2024, preuve que cette énergie reste incontournable.

Le biofioul pour répondre aux normes en vigueur

Depuis le 1er juillet 2022, il est interdit d’installer des appareils de chauffage fonctionnant avec un combustible émettant plus de 300 g de CO₂/kWh PCI. Le fioul classique étant au-dessus de ce seuil, la filière a réagi en développant le biofioul F30. Celui-ci est composé de 70% de fioul classique et de 30 % d’ester méthylique de colza. Ce mélange permet de ramener les émissions autour de 270 g de CO₂/kWh PCI, conforme aux exigences réglementaires.

« Le F30 c’est 70 % de fioul classique avec 30 % de biocombustible. C’est le même bio que vous retrouvez dans les gazoles quand vous avez un gasoil B7 quand vous allez à la pompe. […] Et le fait d’intégrer ces 30 % on descend sous la barre des 300 g. On est plutôt à 270 g de CO2 par kwh PCI et de facto on répond à l’exigence réglementaire. », a expliqué Christophe Saint Cyr, président de CSARL, le syndicat des distributeurs de fioul d’Auvergne Rhônes Alpes.

Où en est-on concernant le biofioul F50 et F100 ?

Concernant le biofioul F50 et F100 les professionnels présents dans le salon ont spécifié qu’ils sont en train d’être mis au « banc d’essai » pour leur mise aux normes, par un Bureau de normalisation des produits pétroliers. De plus, certains fabricants proposent déjà des brûleurs compatibles au F100 ou à des carburants type HVO, produits à partir de diverses sources comme l’huile usagée, l’huile de colza, l’huile de palme, ou encore la graisse animale.

Du fioul vers le biofioul

Contrairement aux idées reçues, le biofioul ne nécessite pas de changer toute l’installation. En effet, dans la majorité des cas, un simple remplacement du brûleur, associé à une configuration en monotube avec filtre dégazeur, suffit. Ainsi, la filière a su faire évoluer les normes et valider les solutions existantes.

De plus, bonne nouvelle pour les consommateurs, la compatibilité du cuivre avec le biofioul, longtemps remise en cause, a été validée par de nouveaux tests réalisés par le CETIAT (Centre Technique des Industries Aérauliques et Thermiques). Il n’est donc pas nécessaire de remplacer la ligne d’animation en cuivre existante, à la condition de passer en monotube avec un filtre dégazeur. Cela simplifie grandement la conversion du fioul vers le biofioul.

Pourquoi est-il nécessaire d’avoir un brûleur spécifique au biofioul et un système monotube ?

Concernant les brûleurs biofioul, le changement nécessaire s’explique car il faut des joints de pompe faits pour passer ces produits bio. En effet, le biofioul est un produit plus agressif, un peu plus détergent et donc il faut un matériel qui puisse résister.

Un système monotube est également requis, contrairement à d’anciennes installations fioul classique qui ont un système bitube. Dans le système bitube deux tuyaux en cuivre vont au brûleur et une grande partie du fioul revient dans la cuve. Or pour le bio il ne faut pas de retour car ce sont des produits plus délicats. Ainsi, avec un système en monotube il n’y a qu’un seul tube cuivre, ou dans le cadre d’une transformation de bitube à monotube un tube est condamné. Le circuit tourne alors du filtre dégazeur au brûleur. De plus, le fait d’être en monotube explique pourquoi le cuivre est finalement compatible. En effet, la crainte initiale sur les premiers tests était l’oxydation du cuivre. Mais avec un système monotube la ligne d’aspiration est toujours pleine, il n’y a donc pas d’air, ce qui empêche l’oxydation.

Pourquoi faut-il nettoyer sa cuve avant d’utiliser du biofioul ?

Avant de passer au biofioul il faut réaliser un nettoyage de sa cuve. En effet, le combustible bio va déterger un peu les parois, du fait de ses caractéristiques, ce qui peut boucher le filtre.

Les brûleurs biofioul F30 seront-ils compatibles au biofioul F50 et F100 ?

Le président du Syndicat précise que : « Aujourd’hui, si vous avez une chaudière fioul récente, il suffit de changer le brûleur pour passer au biofioul ». Il précise par ailleurs que « ce brûleur sera aussi compatible avec du F50, voire du F100 demain ». Une précision essentielle pour les consommateurs de fioul ! En effet, si la réglementation évolue et que le F30 disparaissait, les nouveaux équipements compatibles au biofioul F30 pourront fonctionner avec un biofioul supérieur.

Quelles différences entre chaudière fioul et chaudière biofioul ?

Les nouvelles chaudières biofioul fonctionnent de la même manière qu’une chaudière au fioul classique. En effet, elles ont un corps de chauffe et un brûleur. Par contre, le brûleur doit être compatible au biofioul.

Le biofioul est-il plus économique que le fioul classique ?

Un écocombustible plus cher et sans avantage fiscal

Le biofioul est plus cher que le fioul domestique, en raison du coût de l’énergie bio et de la fabrication du produit. Malgré les tentatives du secteur, le biofioul F30 a la même taxation que le fioul classique. Les professionnels espèrent que la partie bio bénéficient d’une fiscalité plus avantageuse. Cela pourrait toutefois être le cas pour le biofioul F50 et F100.

Bernard Bieche, co-Président du Collectif pour le Biofioul et les Biocombustibles, précise qu’aujourd’hui il existe des carburants qui décarbonent jusqu’à 90 % comme le HVO, et qui ne bénéficient pas d’une préférence fiscale. « Donc on a du mal à les développer puisque c’est beaucoup beaucoup plus cher. » Il pointe également la différence avec d’autres pays comme l’Italie qui ont baissé les taxes. « La vente de ces produits bio ont alors explosé, dépassant les ventes de gasoil ».

Un surcoût compensé par les économies réalisées grâce au matériel

Côté performance, une chaudière neuve consomme en moyenne 30 à 40 % de moins qu’un ancien modèle selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie). Ainsi, en installant une chaudière biofioul vous consommerez moins de fioul, par exemple 1 400 litres au lieu de 2000 litres, ce qui compense à terme la différence de prix (environ 15 centimes de plus au litre pour le biofioul par rapport au fioul classique). Pour Christophe Saint Cyr « il n’y a pas de gain économique sur le produit mais le gain économique est dans l’efficience et l’efficacité du nouveau matériel qui est posé ».

Point sur la pompe à chaleur et l’hybridation

Concernant la pompe à chaleur, les professionnels du secteur fioul ne sont pas contre, mais en couplage avec le fioul. En effet, le fioul est une énergie connue pour permettre un chauffage efficace et homogène, ce qui n’est pas toujours le cas de la pompe à chaleur. De plus, malgré les aides de l’Etat cet équipement de chauffage reste cher et dure moins longtemps qu’une chaudière fioul.

Une filière durable et bénéfique pour l’agriculture locale

L’ester méthylique utilisé dans le biofioul est produit à partir de colza français, une culture essentielle dans la rotation des sols. Cette démarche ne concurrence pas l’alimentation humaine. En effet, l’huile de colza utilisée est issue de surplus, historiquement exportés.

Cette production locale participe à la souveraineté énergétique et agricole. De plus, elle réduit la dépendance aux importations de protéines animales en provenance du Brésil ou des États-Unis et valorise les co-produits du colza.

Consultez la vidéo de la conférence sur le biofioul au salon BePositive 2025 :

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