Le prix du pétrole à moins de 100 dollars, une première depuis 16 mois
Le baril de pétrole est passé sous la barre des 100 dollars, à 99,99 dollars le baril plus exactement, ce lundi 8 septembre et a continué de chuter durant la semaine. Le prix du pétrole n’avait pas atteint ce niveau depuis le 24 juin 2013. Quelles sont les raisons de cette baisse ?
Une faible demande qui survient avec des résultats économiques faibles dans plusieurs pays
Suite à l’annonce des chiffres économiques peu encourageants dans plusieurs pays, les analystes prévoient une demande de brut moins importante que prévue.
Les importations de brut ont baissé en août en Chine pour le deuxième mois consécutif. La Chine est le deuxième pays consommateur mondial de pétrole. De son côté, le Japon a vu son PIB se contracter de 1,8% au deuxième trimestre. Plus près de chez nous, la croissance économique a par ailleurs aussi décéléré en Europe.
Aux États-Unis, la création d’emplois a ralenti, avec 142 000 emplois crées en août alors que les analystes en prévoyaient 225 000 environ. De plus, le taux de chômage a reculé mais moins qu’en juillet, passant de 6,2% à 6,1%.
Une offre mondiale de brut abondante
La production américaine serait en hausse de plus de 1 million de barils par jour l’an prochain selon les dernières prévisions des autorités. Cette progression est entre autre due à la révolution des hydrocarbures de schistes aux États-Unis.
La Libye, pays où la situation est critique depuis près d’un an, a redressé sa production de pétrole à plus de 700 000 barils par jour. Elle produisait environ 200 000 barils par jour dans sa période la plus difficile cette année, soit une augmentation de 500 000 barils.
Cessez-le-feu en Ukraine et faibles retombées des tensions géopolitiques sur le prix du pétrole
Le prix du pétrole et par conséquent le prix du fioul ne semblent pas être vraiment impactés par les tensions géopolitiques de cette année. Les tensions n’ont pas provoqué de réelles interruptions dans l’approvisionnement de brut. En effet, les investisseurs prennent leur précaution face aux conflits en Irak et en Ukraine et ont anticipé les crises potentielles.
De plus, les États-Unis restent vigilants sur la situation en Irak ainsi que sur les réserves de pétrole dans le pays et sont prêts à intervenir militairement. Depuis le début des conflits en Irak les lieux de production et d’exportations, qui se situent au sud du pays, ne sont pas menacés.
Un cessez-le-feu a été mis en place la semaine dernière en Ukraine, réduisant les craintes sur l’offre de pétrole russe. Cependant, la situation est toujours tendue entre les troupes ukrainiennes et les séparatistes pro-russes.
La référence européenne du brut avait atteint les 115,75 dollars le 19 juin dernier alors que la crise irakienne était en plein éclatement. Depuis cette date, le dollar a perdu plus de 13% de sa valeur.
Le renforcement du dollar, frein à la demande de brut
Le dollar s’est approché de son plus haut niveau en 14 mois la semaine dernière face à l’euro : à 1,29 dollars environ pour un euro. Ce renforcement appliqué suite aux mesures de soutien annoncées par la BCE, complique la demande en brut des investisseurs. En effet, le pétrole se négociant en dollar, l’augmentation de la monnaie américaine rend le baril plus cher pour les investisseurs munis d’autres devises.
Vers une stabilité des prix du baril ?
Le prix du pétrole ne devrait cependant pas chuter car la situation politique reste incertaine et pourrait peser, à terme, sur la production. De plus, l’OPEP a besoin de maintenir son prix proche de 100 dollars dans son propre intérêt budgétaire. Guy Maisonnier économiste à l’Institut français du pétrole (IFP) précise « Beaucoup des pays de l’organisation ont besoin d’un prix à 100 dollars, voire plus, pour boucler leur budget ».